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« Je fais le boudin de porte entre la vie et le monde intérieur, traduisant les écarts de pression de l’un vers
l’autre. Je sample le réel d’un côté, celui des angles morts de la picnolepsie, les bruits qui tissent notre
environnement. J’en produis de l’autre avec le corps et quelques bouts d’instruments à portée de main.
Acouphènes, souffleries, sibilances, grincements de dents, coups portés, bourdonnements, faux
mouvements, ondes qui traversent nos cerveaux se répondent, se possèdent à tour de rôle, se contaminent
comme l’asthme fait chanter la respiration. Parfois, un fantôme de musique plane entre les pistes, un folk dyslexique, un jazz hémiplégique ou un blues amniotique. Les prélèvements sont montés dans la hantise du tracé plat. Comme la créature de Frankenstein, un corps est assemblé, qui gravite ailleurs. Prêter vie comme on prête attention. Un folklore de région intermédiaire, instable, toujours entre deux, entre mémoire défaillante et tension électrique, mais qui se bat pour être vivant, raide vivant. »
Jean-François Magre
--// Les 0reilles de micr0lab //-- 